Dans un monde lointain, aux confins du Sinaï
sur les monts palatins pour un soir de ripaille
tout enivré de vin, et repus de victuailles
devenus malandrins, de bien tristes canailles

                                             

Lui, chevalier d’airain, seigneur de Cornouailles
abandonné des siens, lendemain de pagaille
attendait, mais en vain, derrière ces murailles
que reste t’il d’humain sur ce champ de bataille

                                             

Il se tenait, mâtin, dans sa cotte de mailles
monté, fier et hautain, cavalier du sérail 
mais pale était son teint, le revers sans médaille
il est long ce chemin, le retour au bercail

                                              

et face à son destin et la faim qui tenaille
se remémore soudain,  les souvenirs l’assaillent
le château végasien, le majestueux portail
profondeur d’un carmin, le reflet d’un vitrail

                                             

Lady filant le lin, aux lèvres de corail
la tiédeur de son sein,  la douceur de la paille
un air de clavecin et son cœur qui défaille
son sourire  égéen, le brillant de l’émail

                                             

les femmes veillaient au grain, les jeunes gens,  le bétail
les hommes étaient au foin, attentifs aux sonnailles
c’était, il s’en souvînt au temps doux des semailles
le vent caresse le brin, les oiseaux qui piaillent

                                             

au soir du lendemain  c’est son corps qui tressaille
quand la douleur advînt,  cette tache au chandail
Il se glissa soudain dans la verte broussaille
et il vit sur sa main, le brun rouge de l’entaille

                                             

C'était un beau jardin et Lady au vantail
scrutait brume au matin, espérant vaille que vaille
lui, comprit enfin, et sous son froid camail
Il prit sa douce main …et ferma son ventail

                                             

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